Orfeo ed Euridice, Gluck

mise en scène de Robert Carsen

L’intention dramaturgique de Robert Carsen

« Avec Orfeo, Gluck et son librettiste Calzabigi nous ramènent à l’essence même du mythe, en se concentrant sur le personnage principal et en concevant de longues scènes homogènes. Pour m’accorder à cette esthétique, j’ai hésité à chorégraphier l’ensemble de l’oeuvre. (…) J’ai finalement opté pour une approche plus réaliste, plus concentrée, en réduisant au maximum les artifices théâtraux et en employant un décor unique où j’ai cherché avec mon collaborateur en lumières, Peter Van Praet, à créer des atmosphères variées. On évite ainsi toute rupture entre les scènes et on se conforme à cette économie d’effets que recherchait Gluck, avec son style si acéré. »

Amour est un personnage plus important que les interventions que la partition lui réserve. Il « est successivement double d’Orfeo et d’Euridice, d’abord homme, puis femme dans la dernière scène où, soudés par la passion amoureuse, les deux protagonistes ne font plus qu’un. Le versant masculin de l’amour affronte la douleur la peur et le courage, tandis que son versant féminin représente l’élan vital, ce qui confère sa véritable portée à ce happy end, au terme d’un parcours situé dans un contexte que j’ai voulu réaliste. »

La scénographie

Avec le décorateur Tobias Hoheisel, Robert Carsen fait le choix des matériaux naturels (terre, sable, fleurs, eau, feu…) pour la scénographie. On retrouve dans Orfeo ed Euridice les quatre éléments qui forment « la charpente de notre monde ».

« Les éléments naturels forment l’espace sensible où nous nous mouvons tous », dit Robert Carsen, qui revendique l’héritage de Peter Brook quant à la signification de l’espace vide et sa conception d’un « théâtre immédiat », avec un rapport étroit entre le jeu d’acteurs, la scène et le public.

La chœur qui accompagne le parcours d’Orfeo et d’Euridice rappelle une communauté méditerranéenne afin de renvoyer aux origines grecques du mythe. Pour représenter les Esprits, le chœur ne changera pas de costumes : toutes les propositions théâtrales sont recevables quand il s’agit de montrer l’autre monde dont nul ne sait rien par définition. On peut imaginer ainsi une continuité entre vie
terrestre et au-delà.

Dans la presse

(…) Robert Carsen fait toujours preuve d’un goût très sûr, soutenu par une scénographie épurée de Tobias Hoheisel et des lumières superbes de Peter van Praet. Gluck réclamait une simplicité que le spectacle lui concède volontiers.

Dans un décor unique, la gestuelle des chanteurs et la précision des lumières qui font baigner la scène dans une demi-pénombre, donnent à ce drame la dimension dont il a besoin. On ne peut qu’être ému devant cette tragédie de l’amour (…)

Lisible en quelques éléments de scénographie, (la scénographie) s’inscrit dans la veine épurée de son travail : un sol aride de gravier anthracite et des costumes noirs d’après-guerre (Tobias Hoheisel) rapprochent discrètement la Grèce mythologique d’une Méditerranée rurale et austère digne d’un souvenir de Verga ravivé par Rossellini ; un cyclorama habité de lumières changeantes (signées de Carsen et de Peter Van Praet) suffit à dire, par ses nuances, le deuil glacé, le feu des enfers ou la tendresse amoureuse.

Au Théâtre des Champs-Elysées, avec sa mise en scène épurée à l’extrême, Robert Carsen rend au mythe d’Orphée sa dimension atemporelle. (…) Cette retenue peut déconcerter, mais elle nous entraîne au cœur de la tragédie, et la rend d’autant plus poignante.

Carsen montre une fois de plus la diversité polymorphe de son talent. À la fois beau plastiquement et immédiatement prenant, pour un sujet éternel et une inspiration musicale qui l’est autant.

Documentation disponible


Contact:

Baptiste Charroing, Directeur de production
bcharroing@theatrechampselysees.fr

Amélie Deletré, Chargée de production
adeletre@theatrechampselysees.fr

(c) photos : Vincent Pontet